B E G A Y E R

Chanson française, bruitismes, rumeurs des musiques anciennes et lointaines, instruments faits-mains, radios-transistors modifiés et autres vieux objets électroniques ; Après plusieurs ensembles d’enregistrements bruts disposés directement sur bandes magnétiques, presque improvisés, dupliqués à la main dans un atelier partagé au bord du massif des Bauges, le trio Bégayer a trouvé de nombreux amis. Orphelins de cadres, accueillis comme des frères par le label parisien Le Saule, également repérés par les chics genevois de Bongo Joe Records, le trio a pu consacrer une longue année à l’élaboration d’un premier album, ‘Terrain à mire . Une maison rétive . Contrainte par le toit’.
Coproduit en octobre 2018 par les deux familles susmentionnées, le disque fut une première charpente pour la musique des trois alpins : on y cherchait la plus juste bâtardise, une sorte d’errance choisie parcourant des signes musicaux anciens, volontairement confus, via des chansons françaises, italiennes et arabes, en suivant allègrement ce célèbre aphorisme de René Char repris plus tard par Hannah Arendt: « Notre héritage n’est précédé d’aucun testament ».

C’est que Bégayer cherche un geste pour les sans-folklores, pour les rejetons de cette culture du manque, enfantée aussi bien par le crépuscule des habitus populaires que par les hurlements bruitistes, par les places publiques des villages comme par le fourmillement des flux numériques, pour un genre inédit de rapsodes-métèques.
On peut voir cette culture du manque comme une joie cruelle, l’occasion d’une communion entre l’interprétation titubante de gestes anciens et de tentatives présentes, il s’agit de construire des variations singulières et des débordements. Ainsi jusqu’ici, chaque chant bègue voulait être un objet inquiétant et joyeux, dont l’obstination et la cruelle simplicité s’offraient en tant qu’objets manifestes d’agitation, comme distances à éprouver, comme études qui nous regardent.

A présent épaulés par l’agence Murailles Music, le trio deviendra quintet pour s’embarquer vers une forme inédite de concert ; une cérémonie sans commencement ni fin, qui affirmera la proximité du concert et du temps quotidien, où le temps de la représentation sera délibérément vidé de son autonomie. Où le chant, les instruments et percussions inventées, célébreront deux gestes musicaux immuables dont il faudra soutenir la proximité ; le chant populaire, capable d’abolir la frontière entre l’art et la vie par l’effraction d’un cri affamé et fédérateur. La performance ensuite, dont l’exploration préside d’un effort commun à décrire notre temps.
 

Ecouter/voir    

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Loup Uberto (voix, luths, objets sonores)

Alexis Vinéïs (batterie, percussions)

Lucas Ravinale (luth basse, percussions, objets sonores)

Jean-Philippe Curtelin (batterie, percussions)

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 Photographie © Thomas Porte